Marc Leduc, traducteur / translator

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Organisation et développement durable: le système de légitimité en oeuvre

GABRIEL, Patrick. « Organisation et développement durable: le système de légitimité en œuvre » dans Développement durable et responsabilité sociale. De la mobilisation à l’institutionnalisation, sous la direction de Corinne Gendron, Jean-Guy VAILLANCOURT et René AUDET, 2010, Montréal, Presses de Polytechnique, p. 157-174.

Ce chapitre m’est apparu des plus pertinent en raison de sa tentative – et, ma foi, de sa réussite –  de définir un cadre conceptuel fécond permettant de situer la profusion d’acteurs sociaux et économiques sur l’axe de la légitimité dans l’univers multiforme du développement durable.

Patrick Gabriel désigne justement par « système de légitimité » le concept clé autour duquel s’articule sa démarche. Un système, car la légitimité en cette matière est une notion multidimensionnelle. L’auteur en vient donc à retenir trois dimensions fondamentales de la légitimité en fonction de ses sources :

  • Rationnelle-légale, dont la source se situe dans la cause de l’action (doctrines, grands principes philosophiques ou moraux).
  • Pragmatique (éclairée ou radicale), source dans la finalité de l’action (intérêts supérieurs, intérêts communautaires, consensus sur le résultat).
  • Procédurale, source dans les méthodes du pouvoir (démarche participative, consensus sur la procédure).

Présentes dans la plupart des ensembles socioéconomiques, ces formes de légitimité peuvent cohabiter, bien que des tensions puissent apparaître en raison de facteurs divers : dilution du contenu au sein d’une population trop nombreuse, perte de sens suite aux normes d’évaluation concrètes, restriction à une communauté réduite, etc.

L’auteur ne manque pas de se référer au sens thermodynamique de la notion de système pour reconnaître que « les règles imposées aux membres d’un système socioéconomique – ou qu’ils s’imposent eux-mêmes – permettent donc, si elles aboutissent à une régulation des interactions entre les agents, de stabiliser le système dans lequel ils se trouvent ». Cette stabilité doit cependant satisfaire deux conditions principales : elle doit être liée aux origines et à l’acceptabilité sociale des contraintes systémiques ; ensuite, ces dernières doivent s’imposer à une population suffisante.

Se penchant sur la situation actuelle, P. Gabriel souligne que le poids des principaux types de légitimité diffère grandement. Bien qu’en principe plus stable, la dimension rationnelle-légale est celle qui écope le plus étant donné son rayonnement majoritairement national, forcément limité en regard des procédures  internationales.

L’instabilité relativement plus importante des types pragmatique et procédural s’explique par le fait que les acteurs sont souvent ceux qui, à la fois, établissent et appliquent les règles afférentes. Plus il y a confusion entre l’origine, le lieu de constitution et le lieu d’application des règles, plus la légitimité risque d’être à courte portée.

Une autre condition fondamentale de la stabilité du système de légitimité est la forte intégration entre les parties. Le développement durable a une portée universelle puisqu’il cherche à concilier développement économique, équité sociale et santé écologique. Cependant, la diversité des valeurs, des conceptions et des interprétations des groupes concernés rend l’approche consensuelle incontournable, au risque d’un enlisement conflictuel. Dans cette optique, l’avenir semble appartenir à des organismes internationaux multipartites comme le Global Reporting Initiative (GRI) qui réunit des partenaires de nature diverse, entreprises, ONG, cabinets comptables, associations professionnelles, etc.

Le concept de développement durable subit une double tension, l’une confrontant les échelles mondiale et locale, l’autre émanant de principes directeurs devant s’appliquer à tous. Bien qu’elle favorise les dimensions pragmatique et procédurale, c’est bien cette double tension qui permettrait « d’obtenir un système à la fois souple dans l’interprétation et l’application du concept, mais stable dans la référence commune aux grands principes sous-jacents partagés par le plus grand nombre. »

Pour consulter le sommaire du livre : http://www.polymtl.ca/pub/argumentaire.php?l=fre&id=8027

Disponible en ligne, un article très similaire de l’auteur : http://www.strategie-aims.com/events/conferences/8-xveme-conference-de-l-aims/communications/2269-le-systeme-de-legitimite-de-lentreprise-responsable-delimitations-et-dynamique/download

Le site du GRI : http://www.globalreporting.org/Home

Marc Leduc, translator / traducteur